Le mouvement a été très spectaculaire dans le
métro de New York dont les rames se sont subitement couvertes de noms :
Taki 183, Tracy 168, Stay High 149, etc.
[8]En quelques années, ces « tags » (marques) se sont sophistiqués et sont
devenus des signatures, puis leurs auteurs ont décliné leur message
(leur nom) sous forme de lettrages géants. La simple affirmation d'une
identité (
je me surnomme Taki, j'habite la 183e rue »[9], mon nom parcourt la ville tous les jours, j'existe)
s'est doublé d'ambitions plastiques, qui se sont révélées être un autre
moyen de se faire remarquer : ce n'est plus seulement le graffeur le
plus actif ou celui qui prend le plus de risques qui obtient une forme
de reconnaissance, mais aussi celui qui produit les œuvres les plus
belles. Très rapidement, des styles standardisés (lettrage « bulles »,
lettrage « wild style ») et des pratiques (« top-to-bottom whole car »
[10], « Whole Car Windows Down »
[11], « throw-up »
[12],
etc.) se cristallisent. Des groupes (appelés « posses », « crews »,
« squads » ou « gangs »), comme la ville de New York en a toujours
connus, se forment et permettent aux graffeurs de s'unir pour exécuter
des actions spectaculaires (peindre plusieurs rames d'un train par
exemple), pour ajouter un nom collectif à leur nom individuel mais
aussi pour s'affronter entre groupes, de manière pacifique ou non.
Ces groupes sont souvent constitués par origines ethniques et ont pour noms des acronymes en deux ou trois mots :
Soul Artists (SA),
The Crazy Artists (TCA), etc. En
1973, le
New York Magazine lance le concours du plus beau graffiti du métro. Au milieu des
années 1970, la culture du graffiti est plus ou moins figée dans son fonctionnement et dans ses productions. La culture
hip-hop émerge du graffiti mais aussi d'autres formes d'expression nées en même temps : une nouvelle danse plutôt acrobatique (
break dance), un genre musical à base de textes parlés (
rap), de mixage de disques (
dee jaying), (
scratch) et de fêtes en plein air (
sound systems). Les deux pionniers les plus célèbres d'une conjonction entre break dance, rap, dee-jaying et graffiti sont
Phase 2 et
Fab Five Freddy.
À la fin des
années 1970, le graffiti a été sévèrement réprimé dans le métro de New York et a commencé à se diffuser sur les murs des
boroughs défavorisés de la ville avant d'essaimer dans d'autres grandes villes américaines (
Los Angeles,
Chicago,
Philadelphie,
Washington) et dans diverses grandes villes européennes :
Paris,
Londres,
Berlin,
Amsterdam et
Barcelone surtout.
C'est à cette époque aussi que le milieu de l'art commence à se pencher sérieusement sur le sujet
[13]. Des graffiteurs « légendaires » tels que
Lee Quinones,
Futura 2000 ou
Fab Five Freddy peignent sur des toiles et exposent leur travail dans des galeries telles que la
Tony Shafrazi Gallery ou la
Fun Gallery de
Patti Astor,
la galerie Fashion Moda ou encore la Galerie Sydney Janis. Des peintres
qui ne sont pas spécialement issus des quartiers défavorisés de New
York et qui ont généralement suivi un cursus classique en Arts ou en
communication visuelle, intéressés par l'idée d'un art dans urbain ou
d'un art clandestin, s'associent aux graffiteurs (comme
Jenny Holzer, qui fera écrire ses «
truismes » à la bombe par
Lady Pink) ou s'approprient leur pratique (
Jean-Michel Basquiat,
Keith Haring,
Kenny Scharf,
Rammellzee).
source : wikipedia