Quel plaisir d'avoir enfin le droit à une édition zone 2 pour un film attendu depuis plus de trois ans. Une attente enfin comblée.
Jeux de Gangs propose une co-réalisation avec Stephen Gahan et Barbara Koople. Après l'impressionnant
Syriana, Jeux de Gangs est le second film de Gahan. Quand à Barbara Kopple, elle est connue pour avoir participé à la réalisation des épisodes de la saison 3 de la magnifique série
OZ. Un duo de choc idéal pour traiter de manière sincère, honnête, et integre du clivage entre l'univers de petites bourgeoises de LA et celui des gangs de chicanos dans banlieue chaude.
Ce qui explique le brio du traitement des différents personnages loin des stéréotypes qui submergent les films sur les gangs américain. On se surprend tout comme dans
OZ à éprouver une profonde empathie pour les bad boys qui développent nombres de facettes trop rarement exploitées au cinéma. Alors que pour les petits bourgeois du film c'est le contraire. La galerie de jeunes
femmes sont à l'image que renvoie leur icône internationale incarnée par Paris Hilton. Tout comme elle, les deux supers copines bourgeoises Alison et Emilie, sur lequel le film s'articule, ont beau tout avoir dans leur vie, mais elles n'ont rien dans le fond... Elevées avec une cuillère en or dans la bouche, elles sont terriblement creuses, n'ayant aucune consistance. Leur seul atout et non des moindres : un sculpturale silhouette et des gueules d'anges qui ferait se damner n'importe quel homme qui verrait pareille créature gratter un soir à sa porte. Le film tire sa force de cette radiographie d'une jeunesse en perdition qui vit mal leur paradis financier. Elles subsistent uniquement à travers leurs apparences proprettes et tirées à quatre épingles. Aux antipodes de cela malgré les tatouages et leurs tenues vestimentaires qui les caractérisent si bien, les membres du gang incarnent une vraie présence à l'écran, traitée avec justesse, sans jamais tomber dans les poncifs. Sous leurs tatouages une profonde humanité anime ces hommes qui en apparence semble peu "recommandable".
Niveau casting le film se constitue de la nouvelle vague de jeunes actrices qui crèvent l'écran. Jugé plutôt : Anna Hathway dans le rôle d'Alison, remarquée dans
Le diable s'habille en prada, ainsi que
Le Secret de Brokback Mountain. Sa meilleure copine Emilie est interprétée par la sublime Freddy Rodriguez, qu'on a pu voir dans
Posseidon, La jeune fille de l'eau, et
Bad times. Viennent compléter le casting deux autres charmantes demoiselles issues de série télé avec Bijou Phillips des
Experts, et Shiri Appleby de
Roswell.
Sans jamais en faire trop ni trop peu elles arrivent à crédibiliser leurs personnages sans que le spectateur lambda les conspue immédiatement. Sous le vernis rococo elles présentent un profond malaise concevant le vie comme un jeu sans comprendre que cela peut se retourner contre elles.
Le tout est traité avec une mise en scène tout aussi brillante qui cherche à tout pris a éviter les redites qu'impose le genre du film.
Les rues soit disant mal famées de LA, ne ressemblent en rien à l'image d'une jungle urbaine qu'on veut bien lui donner. Plus par ignorance et par une peur intrinsèque forgée par les médias que par un esprit critique éclairé. Il en va de même dans notre bonne vieille France qui à peur de ses banlieues dépeignant un paysage cruel sans chercher à un moment à se remettre en cause. Car ils oublient l'essentiel : c'est avant tout des quartiers où vivent des milliers de gens, sans forcement avoir la peur au ventre le soir venu. C'est pour cette raison que le film dans sa forme cherche à s'affranchir de ce qui a déjà été fait en proposant une approche de multiples points de vue sans esbroufe, et ne convoquant jamais un esthétisme suranné. Même la bande son très rap et R&B, colle parfaitement au film sans le singer. On remarque encore le soin apporté par Stephen Gaghan à éclater son récit offrant une lecture que chaque séquence à différents niveaux.
Proposant une réflexion sur le culte des apparences,
Jeu de Gangs arrive humblement dans cette petite, production à offrir un film qui sort des sentiers battus. Il y a même des petites notes d'humours légères, comme les membres du gangs qui se dirigent dans leur gros 4x4 dans les quartiers chic de LA, et qui finisse par se perdre s'engueulant sur le chemin à prendre. Ou bien encore la charmante Emilie, Freddy Rodriguez qui cherche à se suicider avec une lame de rasoir, mais qui n'arrive pas à s'entailler les veines car ça lui fait trop mal. Un petit film qui ne cherche pas à en foutre plein les yeux, et propose le contraire de l'affiche française.
source : DVDrama par Gwenael Tison