Nawal
VIP
 Number of posts : 312
Age : 49
Artist Name Or Pseudo : nawal
Represent An Artist, A Band or None? : none
Are You: Unsigned/Indie/Major/None : none
Registration date : 2007-04-29
 |  Subject: Youssoupha : “L’avenir est à l’Afrique”  Thu 24 May - 7:48 | |
| 
Youssoupha, un nom connu de l'échiquier du rap français. Ce talentueux toaster amorce une véritable ascension. A la faveur de la sortie du single du groupe Magic System, ''t'en dors pas'' auquel il a participé, nous l'avons rencontré. Ce verbiste qui met son talent au service des proses et autres rimes constituant le vocable du rap, n'est autre que le fils de Tabuley Rochereau, figure emblématique de la ''rumba'' congolaise. Autant il débite les flots, autant ses messages sont incisifs. Suivez plutôt.
* Si Youssoupha doit se présenter, qu'est-ce que ça donne ?
- Je m'appelle Youssoupha et je fais du rap. Originaire du Congo Kinshasa. Sénégalais de par ma mère et Congolais de par mon père. Entre guillemets, mon géniteur est un peu connu parce qu'il faisait de la musique. Son nom, c'est Tabuley Rochereau.
* Ah ouais !
- Ici, on ne connaît toujours pas, mais comme je m'adresse à un public en partie, africain, je sais que l'on connaît la musique qu'il a pu faire dans les années 70, 80. Il a beaucoup fait par rapport à la ''rumba''. Moi, je vis en France depuis l'âge de 10 ans. Et je me suis
consacré au rap.
Pour le titre ''t'en dors pas'', le groupe Magic System m'a
fait appel et c'est avec beaucoup de plaisir. Etant donné que c'est un grand groupe de la musique africaine.
* Une idée de ta discographie.
- Je n'ai pas assez de projet solo. J'ai posé pour bien de compils de rap français. Il y a eu aussi le concept, Afro Hip-hop qu'on a appelé ''Bana kin''. J'ai sorti ''Eternel
recommencement''. En février, j'ai mon album qui arrive (cette œuvre est sortie en mars 2007).
* En tant que rejeton d'un artiste de la trempe de Tabuley, comment grandit-on dans cette atmosphère?
- Par rapport à mon père, je ne dirai pas qu'il y a une
certaine pression. Il est vrai que je ne puisse même pas me comparer à lui, on ne fera pas certainement le même chemin, d'autant plus que le sien, est très très grand. Quand mon père était à son plus haut succès, j'étais tout petit.
C'est aujourd'hui surtout que je tire beaucoup de fierté, par rapport au retour que j'ai des anciens, des tontons, et bien d'artistes, notamment africains.
Nombre de personnes saluent son œuvre, ce qu'il a apporté à la musique africaine. J'ai du mal à le réaliser.
* On grandit dans la ''rumba'' et on se met au rap. Comment ça s'explique ?
- C'est plus la musique de mon époque, parce que tout
adolescent en Europe, je me suis mis au rap. J'étais très attaché à l'écriture.
Un peu trop flêmard (paresseux) pour pouvoir travailler mon solfège comme mon père l'a fait auparavant. Que ce soit rap, zouglou, coupé-décalé, rumba, toutes
formes de musiques world, finalement on se retrouve. C'est surtout le message, la création. La musique africaine est marquée par cela. Et ce que j'apprécie
davantage, ce sont les messages.
* Comment ta collaboration avec le groupe Magic System est-elle arrivée ?
- Ils ont écrit le morceau ''t'en dors pas'' au moment où
il y avait une crise sociale en France.
Et il fallait l'intervention d'un rappeur.
Quelqu'un qui me connaissait leur a fait écouter ce que je faisais. Ils ont apprécié. Nous avons été en studio, et
cela s'est bien passé. Le lien s'est vite fait avec le groupe. Ils sont non seulement professionnels, mais aimables et accessibles.
La réussite du morceau découle de la bonne ambiance. Que nous avons eue en studio. C'était la première fois qu'on le jouait ensemble sur scène. Je les en remercie.
* Avec ton opus solo, on s'attend à quoi comme couleur musicale ?
- Mon thème d'écriture tourne autour de la négritude. J'aime rendre hommage à la communauté noire, notamment en France, puisque c'est là que j'ai grandi. La couleur musicale sera Hip-hop. Il y aura des trucs avec de la guitare acoustique, la voix, des choses typiques du pays. Je garde la racine de la musicalité africaine par rapport à la rythmique et aux boucles. L'essentiel
qui me lie à ma communauté, ce sont les textes.
* D'où te vient cet attachement au continent africain ?
- Je fais partie de ces jeunes qui sont venus en Europe pour leurs études. Et qui avaient beaucoup d'espérance en la France. Il y avait un peu cette image d'eldorado. Nous allons pouvoir parvenir à faire quelque chose.
J'étais venu avec mes tantes et mes cousines. Au finish, on s'est rendu compte que le rêve n'est pas si ''rêve'' que ça. Et qu'il y avait une réalité sociale, politique, pour les communautés immigrées, que ce soient les Noirs, les Arabes, les gens des pays de l'Est. Chose qui est plus difficile que l'on l'entend. De tout cela, est né ma frustration. Grosso modo, mon message, c'est de dire que pour ces communautés, tout ne se passe pas surtout bien. Et qu'elles ont des espoirs, des rêves. Contrairement aux idées reçues, ces communautés ne sont pas ''flêmardes'' du tout. L'on a envie de faire souvent des choses, mais, les portes ne sont pas du tout ouvertes. On a une sorte de vie en parallèle, dans la
clandestinité. Que l'on nous donne la chance de pouvoir participer au fonctionnement de la France et des autres pays de l'Europe. Comme les Français parfois participent au fonctionnement de l'Afrique. Il n'y a rien de révolutionnaire dans ce que je dis. C'est une idée de base, mais qui a encore du mal à passer à notre époque.
* Un message
- Au niveau culturel, social, juste une précision, je sais que l'on a souvent une image dramatique de l'Afrique.
Effectivement, il y a des drames beaucoup plus prononcés que dans les autres endroits du monde. Ce qui est dommage. Mais que l'on n'oublie pas, je le pense
vraiment, et c'est une conviction, que l'avenir est à l'Afrique. On revient de loin, mais il y a un avenir à construire, auquel j'ai foi. L'avenir est aux Africains. Il ne faut jamais l'oublier. Un message culturel et musical, c'est que j'adore cette force que représente des groupes comme Magic System. C'est une musique qui arrive à percer dans tous les pays. Utilisons cette force musicale.
On n'est pas du tout une musique ''ghettoïsée''. Au contraire, on arrive à aller au-delà de notre communauté et j'en suis fier. Guillaume Vergès, prestige mag - 23 mai 2007
| |
|
